lundi 5 février 2018

Jeanne d'Arc en Thaïlande !


Au premier rang, des femmes qu'on reconnaît à la coupe de l'époque : en brosse courte, rasé sur le côté

C'est vraiment par hasard que je suis tombé sur un monument à la gloire de la Jeanne d'Arc thaïe : en pleine campagne et au milieu de nulle part.

Une Jeanne d'Arc qui n'est pas pucelle : c'est la femme du gouverneur local (début du dix-neuvième siècle). Femme héroïque qui aurait joué un rôle de premier plan dans la libération de la ville de Korat, envahie par l'ennemi birman et son vassal Laos.

On dit que les femmes déportées se serait vue confier la tâche de préparer le repas des soldats. Ya Mo - la grand-mère Mo - aurait exigé des couteaux pour la cuisine et aurait ainsi armé les prisonniers thaïs. Pendant la nuit, grand carnage, et l'armée laos, surprise, aurait pris la fuite avant d'être rattrapée par l'armée thaïe et mise en pièce.

Depuis, la grand-mère Mo fait l'objet d'un culte très actif, elle a son jour de célébration dans la ville, durant lequel la population lui colle respectueusement des petites feuilles d'or sur la figure et sur le corps - je veux dire sur la statue qui trône au centre de la ville, bien sûr ! Dévotion qu'on a de la peine à comprendre en occident tant elle est connotée de religiosité.


Les monuments qui commémorent la bataille contre l'armée laos se trouvent à quarante kilomètres de la ville, près de la route de Kon Khaen. Statues naïves, hautes en couleurs, qu'on habille toute l'année de vêtements chatoyants. Réalisme plein de vie et charmant. A part quelques détails...

Dire que le peuple thaï est un peuple guerrier est une idiotie. Les peuples se battent au hasard de l'histoire, et une troupe de ruffians qui guerroie et pille sous la direction d'un chef rusé et courageux ne résume pas la mentalité d'un peuple. La majorité des habitants de la terre, jusqu'au siècle dernier, était composée de paysans vivants en villages dont les batailles étaient motivées par le souci de protéger des intérêts agricoles contre des voisins, rien de plus.

Avec le temps, les peuples sont devenus de moins en moins guerriers, et les grandes boucheries du vingtième siècle sont des exceptions au courant qui diminue inexorablement le nombre de morts violentes sur la surface du globe depuis des siècles - les statistiques le démontrent sans ambigüité.

Début du 19° siècle : pas de mousquet, juste des lances et les sabres dont on se sert pour couper la canne.

Observation qui est d'actualité : en France, le nombre de morts violentes a diminué drastiquement au cours de ces cinquante dernières années. La mentalité thaïe offre le spectacle de ce qu'était la mentalité française il y a un demi-siècle.

On y adore la boxe thaïe comme les français adoraient la boxe anglaise et le catch dans les années 50. On se régale des combats de coqs comme autrefois en France : combats de coqs mais aussi de chiens - quant à la corrida, je ne veux pas ouvrir un débat.

Désolation guerrière chez les guerriers ennemis : l'un a le bras coupé (avec la main qui tient encore le sabre), l'autre a le thorax fendu de la clavicule à l'appendice xiphoïde du sternum - cœur tranché, mais il trouve encore l'énergie de se plaindre !

On vend des armes sur les marchés, sans restriction. On est prêt à tuer une personne qui vous a fait "noi na", le visage bas - c'est-à-dire la honte.

La violence est aussi patente dans les relations hommes-femmes vue à travers les soaps locaux : il n'est pas rare qu'une héroïne soit bousculée par son amant.

Mais les sensibilités changent. Et les statues des guerriers de grand-mère Mo nous semblent limite du mauvais goût. Laissons les thaïs évoluer à leur rythme…

Coup de sabre soigneusement appliqué sur la commissure lambdoïde : il en résulte une transsection du corps calleux et donc de menus inconvénients neurologiques (et accessoirement la mort par double section du polygone de Willis) : aïe !

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