dimanche 27 novembre 2016

Si tu as de l'argent et que tu veux rêver…




Dans l'île où je suis, comme sans doute dans beaucoup d'endroits en Thaïlande, les gens ont construit des maisons sur des terrains qu'ils ne possèdent pas vraiment. Ils en ont la jouissance temporaire (mais sans date limite), octroyée par l'État, à travers un document nommé por bo tor. Il est en principe interdit d'y faire construire.

Il est très rare de trouver dans les îles un terrain de taille raisonnable doté d'un chanote, le document qui permet officiellement de construire après avoir fait les déclarations obligatoires. Ici, il existe bien des terrains à vendre, mais ils sont généralement très grands et hors de portée de la bourse d'un acheteur jouissant d'une fortune honorable mais limitée. Impossible d'en obtenir la vente par lots.

C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de lancer un projet d'achat commun. Mais ce n'est pas seulement l'investissement, l'achat d'un terrain qui me motive. Je voudrais aussi contribuer à empêcher un développement sauvage de cette île où j'habite maintenant, et qui est restée très sauvage - sans doute du fait de son éloignement de Bangkok, et de ce qu'une grande partie des terres est domaine militaire. Je sens pourtant que le tourisme avance ici à marches forcées, et qu'il va détruire l'île comme il a récemment fortement abîmé Ko Chang en dix ans, Ko Samui en trente.

Il se trouve que je connais la propriétaire d'un terrain. Elle m'a assuré qu'il était à vendre - mais tu connais les thaïs qui vendent, ils peuvent se dédire jusqu'au dernier moment. Le terrain est immense, de l'ordre de 100 rai, c'est-à-dire 160 000 mètres carrés. Il remonte vers l'arrière sur une colline abrupte. L'ensemble est dans un endroit très isolé. Pour l'instant, il n'y a même pas de chemin menant à cet endroit, on ne peut plus y aller qu'en bateau - mais la route n'est pas très loin.
C'est une baie splendide entourée de montagnette. Un côté est habité - un petit regroupement de maisons. Il n'y a aucune autre construction que ce hameau. Le terrain à vendre est de l'autre côté. L'orientation générale est ouest (ou ouest-sud-ouest).
Bref, c'est un endroit de rêve.

Je sais le prix de ce terrain, qui est au bord de la mer, et court le long de plusieurs petites anses. Pour l'île, ce prix, s'il se confirme, est plus que raisonnable. Je cherche une quarantaine de personnes, chacune investissant un minimum de 100 000 euros pour acheter l'ensemble ce qui lui fera acquérir approximativement 4000 m2. Bien sûr, surface, prix, tout cela doit être affiné et certifié.

J'investirai personnellement 150 000 euros. Je ne cherche à faire aucun bénéfice, je n'aurai évidemment aucune rémunération - je veux simplement réaliser un rêve que beaucoup d'entre nous avons, et un investissement pour ma fille qui a aussi la nationalité thaïe.

Aussitôt acheté, le terrain sera divisé administrativement pour que chacun possède en propre, avec chanote, un bien qui pourra être légué, et en aucun car repris par l'État, et où la construction ne pourra jamais faire l'objet d'une obligation de démolition. La division se fera au prorata des investissements, après expertise déterminant les valeurs comparées des différentes parties du bien.

Tu sais qu'un étranger ne peut acheter de la terre en Thaïlande. Pour tout ce qui est de la législation immobilière, je te renvoie à l'excellent livre de Me. René Philippe, conseil juridique à Bangkok, How to Safely Buy Real Estate in Thailand. Il te faudra donc t'entourer de précautions, et faire comme beaucoup font, acheter au nom de ton épouse thaïe et faire un bail de 30 ans.

Je te laisse par ailleurs réfléchir sur les avantages que cette opération peut t'apporter à divers titres - nous pourrons en reparler.

Une chose qui doit être très claire dès le départ : l'association ne se borne pas à acheter du terrain et à le partager. Il y aura un engagement juridique encadré contractuellement relatif à l'usage qui sera fait de ce terrain. En effet, il ne sera pas exemple pas possible de rediviser le terrain pour le revendre et multiplier à l'infini le nombre de bâtiments. Il ne sera pas possible de construire n'importe quoi - je pense par exemple faire appel à une architecte spécialisée dans le paysage et l'urbanisation pour l'organisation des constructions. Les bâtiments seront cachés par la végétation autant que possible. Plus accessoirement, les scooters de mer ne seront pas autorisés dans un certain périmètre. Il y aura quelques autres règles permettant à tous de jouir de l'endroit "en bon père de famille", comme on dit dans les règlements intérieurs.

Ce n'est donc pas un simple engagement moral qui sera demandé : il y aura des règles d'inter-propriété ou de co-propriété (je ne suis pas compétent pour dire maintenant quel sera le statut de l'ensemble) élaboré par un juriste. Ce qui suppose de la part de tous les contractants une volonté de préserver une terre, une nature, une esthétique commune. Après, chacun fera ce qu'il veut - la convialité est facultative, mais ce pourrait être un bonus.

Tu me diras : qui es-tu pour nous engager à risquer nos biens ? J'ai passé une grande partie de ma vie au bord de la mer, et parfois dans des îles. J'ai vu le développement touristique faire perdre son charme et son cachet à des endroits magnifiques, notamment dans le village côtier que je connais depuis la première année de ma vie. Et c'est ce que je voudrais éviter. J'ai aussi une idée de la valeur des terrains et je sais ce qui est un bon investissement - en France, j'ai acheté cinq biens dans ma vie sans jamais me tromper, deux d'entre eux ayant été de véritables aubaines.

Par ailleurs, même si je n'ai pas eu de formation juridique universitaire, j'ai longtemps travaillé pour les tribunaux (j'étais expert à la Cour d'Appel de Paris) et j'ai une idée précise de ce qu'est le Droit. J'ai un diplôme de troisième cycle, et les chiffres ne me font pas peur, car j'ai exercé la profession de statisticien pendant une vingtaine d'années. Mais je ne suis pas financier.

Au total, on pourrait peut-être dire que je ne suis pas un aventurier... (cf. le post scriptum)

Pour le reste, tout est à faire. J'ai bien conscience de la difficulté que représente un tel projet. Je n'ai pas une idée précise sur la manière dont il faudrait diffuser cette information afin de trouver les 40 suscripteurs. Néanmoins, j'ai bon espoir que d'autres auront des idées, et que j'aurai du renfort. Peut-être me démontrera-t-on l'inanité de ce projet, et j'en remercierai ses détracteurs qui m'auront évité de perdre du temps.

Mais qui ne tente rien n'a rien. Je lance cette bouteille à la mer en espérant que vous serez assez nombreux pour vouloir réaliser ce rêve, ce qui n'est pas du tout sûr. Je suis prêt à modifier certaines conditions. Je suis même prêt à l'éventualité d'un flop car j'ai un plan B. Et j'ai du temps pour faire mûrir le projet. S'il faisait long feu, au moins, j'aurai rêvé - et peut-être d'autres avec moi - ce qui n'est pas si mal.

Si tu es intéressé, tu peux m'écrire (mon adresse mail est en haut à droite). Mais l'une des premières choses que je te demanderai, c'est de prouver ta solvabilité. C'est une affaire sérieuse, et je pense que nous rencontrerons assez de difficultés à l'extérieur pour ne pas vouloir nous en créer à l'intérieur, au sein même de notre entreprise. Je te remercie de ta compréhension.

PS : pour ton instruction et surtout ton divertissement, tu pourras lire le dernier roman écrit par Alphonse Daudet sur Tartarin de Tarascon, "Port Tarascon", qu'on peut trouver facilement sur le net car il est tombé dans le domaine public ; toute ressemblance avec le duc de Mons ne pourraît être qu'une pure coïncidence…

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