lundi 17 octobre 2016

La vie en rose



I am a girl !

Tu aimes le rose ?

En occident, et je crois, particulièrement en France, nous avons une prévention contre la couleur rose. Les anglais sont moins bégueules. Depuis les années 30, le rose est réservée aux petites filles. Couleur délicieuse quand elle n'est pas passée. Mais la différentiation des sexes par la couleur a été mal perçue par les féministes.

Y a-t-il un problème à indiquer à l'aide du rose que le petit humain qui dort là est pourvu d'un coquillage ? Peut-on m'interdire d'avoir des émotions et donc - involontairement - des comportements variés suivant que ce petit être a un coquillage ou un petit robinet ? Mais oui, je sais bien que le coquillage et le robinet ne veulent pas tout dire... Non, manifestement, je n'ai pas le droit : j'agresse l'enfant, j'obère sa sexualité future. On m'envoie sur les... roses... et on me demande de tirer au large, ce que je fais sans rouscailler, mais en plaignant l'enfant.

Bref, en France, le rose connote terriblement. Associé aux ballets roses, au minitel rose, au carré rose, il n'a pas la cote. On le considère comme mièvre, alors qu'il est simplement doux. Ou bien pervers et sulfureux, quand il est si pur. Il n'y a pas de milieu.

Le rose à Bangkok : OXO - gagné !

En revanche, en Thaïlande, on utilise très largement le rose. Pour les vêtements, les voitures, les maisons. Je n'y suis pas habitué, et je trouve cela laid. Difficile de se défaire d'un préjugé. Pourtant, quand j'étais petit, je me rappelle parfaitement que j'aimais la couleur rose... jusqu'à ce qu'on m'en dégoûte... car pour un petit garçon... Les historiens affirment pourtant qu'au moyen-âge, le rose était symbole de virilité !

Plus que les BD de Blek-le-Rock, j'aimais les romans-photos à l'eau de rose. Je les lisais en me cachant dans la chambre de notre bonne qui en avait toute une pile, jusqu'à saturer. Il en aurait cuit à mon amour-propre si j'avais été découvert !

Mais il est où, le rose, ici à Koh Kut, entre le bleu du ciel et de la mer, le vert des cocotiers...?

Dans cette charmante bonbonnière à Ao Phrao - Koh Kut ?

A Korat, je me sens déjà un peu en vacances. En tout cas à distance de la France et des mille problèmes qu'elle s'ingénie à me procurer. La France, pour moi, ce sont les petites lignes. Celles qu'il faut lire impérativement, mais qu'on te dissimule "un peu". Rien que de les voir, tu es épuisé. Si tu ne lis pas, tu auras peut-être de mauvaises surprises. Mais il en aurait fallu, de l'énergie, pour découvrir le pot aux roses ! Alors il faut regarder attentivement, se méfier, vérifier. Comme je hais toutes ces petites ruses - ces dissimulations minables qui ne sentent pas la rose.


Qu'on me redonne du rose, vite ! Celui de la bibliothèque rose, et même celui des pages roses du Larousse d'autrefois, consacrées aux citations latines - mystérieuses, éclectiques, magistrales. Qu'on me donne une société et un avenir roses où le risque existe clairement. Où il n'est pas dissimulé par des montagnes grises de paperasses fallacieusement censées nous protéger. Tigres en papier, éléphants peu roses qui accouchent de hideuses souris grises.

Le bar des ami(e)s


A Koh Kut, je me sens en vacances de vacances, encore plus loin des petites lignes qu'à Korat. Oui, ici, entre la mer et le ciel bleus, les cocotiers verts, je vois la vie en rose.



C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes ,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.




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