lundi 5 septembre 2016

Bip-Bip : un spoutnik chez les thaïs


Les bureaux de l'immigration ? Non, mais j'aime bien ce bâtiment et je ne savais pas où lui trouver une place.


Aujourd'hui, c’est la messe des quatre-vingt-dix jours. Je vais à l’immigration dire à quel endroit je suis, pour que l’état thaï puisse tenir à jour sa carte des expats. Formalité à remplir impérativement, sous peine d’amendes conséquentes, voire de ban.

Un site web avait été ouvert par le service concerné pour qu’on puisse envoyer l’information par internet. J’ai passé trois heures à essayer d’en obtenir quelque chose. En vain. A l’immigration, je suis rassuré par une sympathique employée sur mes capacités informatiques : elle me dit que le site ne fonctionne plus. Cela n'est indiqué nulle part, mais... le thaï est facétieux, il te laisser chercher ! Quand le site sera-t-il à nouveau fonctionnel ? Bouddha seul le sait. Mais je sens qu’en Thaïlande, on préfère le contact humain à ces froides machines...

On nous fait descendre dans un petit bureau où siègent deux administratifs derrière leurs ordinateurs, et deux clients. Au mur, comme la plupart du temps dans les administrations, il y a une télévision. Je ne dirai pas qu’elle est placée idéalement pour que le public puisse se distraire en attendant que son passeport soit tamponné : elle aurait alors dû se trouver derrière les employés. Non, elle est sur le côté, pour qu’ils puissent aussi en profiter. Tout le monde doit se tordre le cou - c’est équitable.

On passe un de ces soaps dont les thaïs sont friands. On y voit une jeune femme qui a manifestement été battue, elle a du sang sur la figure. Maintenant que je ne voyage plus en bus, je ne vois plus de feuilletons. Mais j’ai déjà évoqué le choc culturel que reçoit l’occidental quand il voit de quelle manière les soap thaïs (et les garçons qu’ils mettent en scène) traitent les femmes, par exemple dans Violence au pays du sourire.

La jeune femme est maintenue par un homme patibulaire qui tient un [bip] devant sa gorge. Comment ça, il tient un [bip] ? Mais oui, un objet long et tranchant, avec un manche. Je me tourne vers Fon et lui demande de quoi il s’agit :
- C’est pour ne pas heurter les enfants, répond-elle. La censure ne veut pas qu’on voie des armes et a demandé qu’on brouille l’image à l’endroit du [bip].

Je m'interroge sur cette censure qui cache un banal couteau de cuisine tout en laissant la caméra s'attarder sur le visage martyrisé de la femme.

Mais la situation est plus dramatique qu’il n’y paraît. Un homme en braque un autre avec un [bip] qu’il tient à bout de bras, à bout touchant la tempe de son ennemi. Il a l’air vraiment déterminé à s’en servir.

La caméra recule. C’est assez effarant. On découvre qu’ils portent tous des [bip] et menacent un groupe central, dont certains portent aussi des [bip].

Sauf un. Lui, il n’a pas de [bip], il a une grosse kalachnikov. Je suppose que le responsable des [bip] a eu un moment d’absence, et il a oublié de la brouiller. Le gars la balance d’un air méchant. Moi, à sa place, je me sentirais un peu con, tout seul avec mon gros biniou, alors que tous les autres ont des [bip].

Effet comique garanti...


Abattue à bout portant sur le marché avec un [bip] de calibre 357

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