dimanche 3 mai 2015

Lost in Malang







Ce soir, j'ai décidé de me reposer et travailler tranquillement dans ma chambre, mais Mohammad insiste pour m'emmener au restaurant. Je propose d'aller dîner d'un nasi goreng dans un restaurant du coin, car je veux rentrer très vite. Le nasi goreng, c'est le plat national et ça ressemble au khao pat kai (thaï) en meilleur : du riz sauté à la poêle, accompagné de poulet (ou d'autre chose). Mais non, Mohammad veut m'emmener dans un restaurant arabe. Je lui demande si c'est loin. Non, répond-il mais je n'en crois pas un mot. Il se met à pleuvoir des cordes. Mohammad s'empare de l'imperméable qu'il prend sous la selle de ma moto, me laissant le bout de plastique vaguement humanoïde qu'on avait acheté dans la montagne et qui se déchire de plusieurs côtés. Bon…

Il part, c'est la nuit, la pluie est toujours aussi dense et j'ai peine à suivre sa moto. Heureusement, sur l'imperméable qu'il a pris, il y a une barre jaune que je suis. Les carrefours succèdent aux carrefours tandis que les Indomarets vivement éclairés défilent au milieu des façades noires. Depuis combien de temps est-ce que je roule ? J'en ai vraiment assez. Un feu. Je le rattrape, je le hèle et lui demande si c'est encore loin. Un homme se retourne, qui a bien un imperméable barré, et me fait signe qu'il ne comprend pas. Perdu !

Me voilà égaré au milieu d'une ville que je ne connais pas, en pleine nuit, sous la pluie, sans téléphone. Je repars en sens inverse, et je demande mon chemin à tous les Indomarets que je croise. Long chemin de croix et d'incompréhension, de pluie aussi. Finalement, par petits bouts, j'arrive à bon port. Oui, Mohammed est bourrin, mais c'est aussi un vrai boulet. Il s'excusera plus tard, mais il ne sera pas si simple de lui faire restituer l'imperméable qu'il a oublié quelque part…

J'ai les crocs, et je vais dans un restaurant de nasi goreng tout près de l'hôtel. Il y a quelques filles qui dînent ensemble, et je les observe discrètement. A mon goût, les indonésiennes sont moins jolies que les thaïes. Beaucoup de thaïes ont de longues jambes et un corps proportionné, tandis que les indonésiennes sont souvent grosses, avec tout ce qui va avec. Pour les visages, difficile de dire, la culture thaïe incite les filles à s'embellir, alors que la religion musulmane invite au contraire, lorsqu'il faut paraître en public. Le châle qu'elles mettent n'a rien de flatteur. Mais je pense quand même que les thaïes sont souvent plus fines. Fon, d'ailleurs… Je m'ennuie d'elle.

Il y a dix ans, on m'aurait dit que je vivrais avec une asiate, je ne l'aurais jamais cru. Je ne jurais que par les filles de l'Est. Et je ne concevais pas l'intérêt qu'on pouvait porter à une thaïe, ou chinoise, ou japonaise. C'était incompréhensible. Un ami m'avait prévenu : c'est comme une drogue, quand on a plongé, on ne peut plus revenir en arrière. Je ne l'ai pas cru.

Plusieurs copains m'incitaient à aller faire un tour en Asie du sud-est, et quand j'ai rompu avec Liena, je me suis trouvé libre, désireux de tirer un trait sur cette décevante histoire. Mon premier voyage a été en Indonésie. Au début, je croyais pouvoir résister aux plaisirs qui m'étaient offerts. Et puis insensiblement, j'ai - comment peut-on dire ? - "attrapé" cette addiction. Et j'en suis heureux.

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